Promouvoir la santé des Autochtones par le service, la sensibilisation et la communauté

Le Prix Dr Thomas Dignan en santé des Autochtones 2024 est décerné au Dr Michael Perley et à la Dre Danièle Behn Smith. Fidèle à son engagement en matière de réconciliation, le Collège royal souhaite reconnaître le travail exemplaire de deux personnes en 2024.

Cette année, la lauréate et le lauréat du Prix Dr Thomas Dignan en santé des Autochtones œuvrent pour sensibiliser la population des deux extrémités du pays, et d’une manière qui leur est propre. 

Michael Perley, ONB, M.D., CCMF, FCMF, leader et médecin de famille de la Première Nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick, se consacre depuis près de 40 ans au service des communautés autochtones et à la représentation des droits et des intérêts de peuples des Premières Nations. 

En Colombie-Britannique, Danièle Behn Smith, M.D., CCMF, M.P.H., est une figure de proue en défense des droits des Autochtones, dont celui à l’autodétermination. Ses travaux portent sur la désintégration des structures coloniales, fondées sur la suprématie blanche et le racisme anti-autochtone, au sein du gouvernement et du système de santé.

Ces deux médecins reflètent les valeurs et l’engagement du regretté Thomas Dignan, C.M., OOnt, M.D., Mohawk du territoire des Six Nations de la rivière Grand et ardent promoteur des soins de santé aux Autochtones. 

Progression des soins et activités de sensibilisation

Le Dr Perley était un collègue du Dr Dignan, qui s’est éteint en 2021. 

Dr Michael Perley

Dr Michael Perley (photo soumise)

« Nous faisions partie du groupe de médecins des Premières Nations qui a initialement formé le Comité national des médecins autochtones du Canada, explique-t-il. J’avais un grand respect pour lui, car il a été l’un des premiers médecins issus des Premières Nations au Canada. » 

Élevé par ses grands-parents au sein de la Première Nation de Tobique, le Dr Perley a été le premier diplômé autochtone de la faculté de médecine de l’Université Dalhousie. 

Lorsqu’il a obtenu son diplôme, on lui a rapidement offert un emploi dans la petite ville de Woodstock, à une heure au sud de Tobique. Peu de temps après, sa communauté d’attache lui a lancé un appel à l’aide. 

« Le chef m’avait alors appelé pour me demander si je pouvais venir faire une clinique. »  

À Woodstock, sa charge de travail comprenait l’urgence, les gardes et les soins aux personnes hospitalisées, mais il a néanmoins trouvé le temps d’offrir des services à Tobique.

« Et j’y vais toujours depuis », confie-t-il. Sa première visite a mené à l’établissement d’une clinique de soins complets, le Neqotkuk Wellness Centre, adaptée aux besoins de la Première Nation. 

« La communauté avait besoin de soins infirmiers à domicile, notamment, et beaucoup d’enfants n’avaient pas reçu tous leurs vaccins; nous avons donc décidé de nous en occuper. 

« Nous devions tenter d’obtenir des services de Santé Canada à ce moment-là. Il a fallu déployer beaucoup d’efforts, avec le chef, le Conseil et d’autres membres de la communauté, afin de convaincre Santé Canada d’investir plus d’argent dans un immeuble et d’ajouter des services », explique le Dr Perley. 

Aujourd’hui, le Neqotkuk Wellness Centre offre des soins à domicile, dont des soins infirmiers, ainsi que les services d’une nutritionniste, d’un psychologue, d’une équipe de travail social, d’un cabinet dentaire et d’un infirmier praticien.

Le Dr Perley aimerait élargir le centre pour y inclure des programmes de traitement de la dépendance aux drogues et à l’alcool, qui sont actuellement offerts dans un autre endroit. 

« Idéalement, je crois que tout devrait se trouver sous un même toit, comme un guichet unique. »

Fort du succès de la clinique de Tobique, il a établi par la suite une clinique semblable dans la réserve de la Première Nation de Woodstock.  

Au cours de sa longue carrière, le Dr Perley a également occupé plusieurs rôles de leadership, tant à l’échelle provinciale que nationale. « Parce que c’est là que toutes les décisions se prennent, affirme-t-il. J’avais l’impression de ne mettre qu’un pansement au début, et ce n’était pas suffisant. »

Désapprentissage et réparation

Que ce soit lors de ses consultations en cabinet ou de ses activités auprès du gouvernement et dans le milieu universitaire, la Dre Behn Smith, d’origine Eh Cho Dene et métisse, met en avant son profond engagement à l’égard de la santé des Autochtones. Au chapitre de la promotion de la santé des Autochtones et de la sensibilisation à cet égard, entre autres grands accomplissements, elle a cocréé et dirigé Unlearning and Unmaking Systemic White Supremacy, un programme de deux ans sur le démantèlement de la suprématie blanche et du racisme dirigé contre les Autochtones, dans le cadre du travail de l’Agence des services de santé de la Colombie-Britannique, où elle est responsable provinciale de la santé autochtone. 

Dr. Behn Smith

Dre Danièle Behn Smith (photo soumise)

« C’est la période la plus stimulante, la plus rafraîchissante et la plus inspirante de ma carrière, car j’ai l’impression que, pour la première fois, nous nous concentrons véritablement sur les causes profondes, nous réfléchissions collectivement et prenons des mesures concrètes pour rectifier le tir », explique-t-elle. 

Selon Deena Hinshaw, M.D., FRCPC, participante et responsable adjointe de la santé en Colombie-Britannique, « ces discussions nous ont permis de comprendre que nous nous impliquons toutes et chacun au quotidien dans des structures et des processus fondés sur la suprématie blanche et le colonialisme, mais que nous pouvons lutter contre le racisme dans tous les aspects de notre vie. Elle aborde son travail dans un esprit d’amour et de bienveillance envers toutes les personnes participantes et souligne régulièrement – et sans s’excuser – des vérités douloureuses sur le racisme, le colonialisme et le traumatisme historique, tout en se souciant profondément de toutes les parties à la conversation. »

Sous la direction de la Dre Behn Smith, l’Agence provinciale des services de santé, qui ne comptait qu’une seule Autochtone dans son équipe, en compte maintenant six. 

« Cet important changement signifie que nous avons une voix puissante pour transmettre le savoir autochtone et que notre bureau est perçu comme un milieu de travail sécuritaire pour les Autochtones », affirme Bonnie Henry, M.D., FRCPC, médecin hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique.

La Dre Behn Smith reconnaît que les jeunes et les Aîné·es sont au cœur de son travail. Elle a joué un rôle de leader dans Walk Together (2022-2024), un projet unique en son genre qui réunissait des membres des Premières Nations de la Colombie-Britannique, dont des gardien·nes du savoir et des jeunes, pour explorer et comprendre comment des liens étroits avec la terre, l’eau et le territoire contribuent à la santé et au mieux-être. 

Selon la Dre Behn Smith, l’élément moteur de sa carrière est demeuré constant : « En fin de compte, je voulais aider à construire un système de santé accueillant pour les membres de ma famille et qui répond véritablement à leurs besoins. »