Rencontrez notre professeur en résidence 2023

Le Collège royal a le plaisir d’annoncer la nomination de Saleem Razack, MD, FRCPC à titre de professeur en résidence 2023.  

Le Dr Razack est un pédiatre spécialiste des soins intensifs dont les travaux de recherche se concentrent sur l’équité, la diversité et l’inclusion. Il est récemment devenu professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, affiliée au BC Children’s Hospital, après 25 ans de carrière en tant qu’intensiviste pédiatrique, éducateur médical et chercheur en éducation à l’Université McGill. Actuellement éducateur CanMEDS au Collège royal, il a par le passé travaillé comme bénévole pour les examens et l’agrément. 

Dr Saleem Razack (photo soumise) Dr Saleem Razack (photo soumise)

Nous nous sommes récemment entretenus avec le Dr Razack à propos de ses recherches, de sa conférence à venir à titre de professeur en résidence et de ce qu’il espère accomplir dans ce rôle en 2023.  

Toutes nos félicitations pour votre nomination à titre de professeur en résidence 2023! Pouvez-vous nous parler un peu de vos recherches et de ce qui vous a amené à effectuer ces travaux? 

Je suis profondément touché et honoré de cette reconnaissance qui revêt une grande importance pour moi. Mes travaux de recherche portent sur l’équité, la diversité et l’inclusion, en particulier sur la lutte contre le racisme dans la formation médicale. Ce qui m’a incité à effectuer ces travaux, c’est de reconnaître et de comprendre l’incidence profonde du contexte social et des déterminants sociaux de la santé, y compris la très grande injustice inhérente à la société et aux systèmes de soins de santé dans lesquels nous travaillons, et que nous devons chercher à changer. 

Quels progrès avez-vous observés au cours de votre carrière en matière d’équité, de diversité et d’inclusion dans les soins de santé? Quels sont les principaux défis des médecins ainsi que des professionnels et professionnelles de la santé actuellement? 

Le progrès que j’ai remarqué au cours de ma carrière est que l’on reconnaît de plus en plus qu’il y a un problème et que ce problème est systémique. On commence aussi à trouver des stratégies pour y répondre. Au Canada – et c’est là mon opinion en tant que Canadien –, notre capacité à voir les inégalités et les injustices au sein de notre propre système a diminué. 

La COVID-19, le décès de Joyce Echaquan, le meurtre de George Floyd et les nombreuses tragédies qui ont eu lieu avant cela ont amené à prendre conscience qu’il y a du racisme systémique au Canada, que la profession médicale et les systèmes de soins de santé dans lesquels nous travaillons font partie intégrante de ce système et que les solutions doivent être multifacettes. Nous voyons aussi l’émergence de nouveaux enseignements sur les enjeux systémiques dans les systèmes de soins de santé. 

Nous exerçons dans des systèmes de soins de santé saturés à l’extrême et c’est l’un des principaux défis auxquels sont confrontés les médecins ainsi que les professionnels et professionnelles de la santé à l’heure actuelle. Nous devons chercher à renforcer la résilience du système pour que nous n’ayons pas à travailler constamment dans l’urgence et que nous puissions examiner ces problèmes systémiques – qui ont une incidence considérable sur la santé – et commencer à y trouver des solutions.     

Pouvez-vous nous expliquer l’importance pour les médecins de tenir compte du contexte social et des déterminants sociaux de la santé dans leur façon d’appréhender leurs patients et patientes?  

Nous pourrions parler de sujets comme la prestation de soins culturellement sécuritaires comme solution d’avenir, mais j’aimerais apporter un exemple différent. Disons que je me rends à l’unité de soins intensifs où je travaille et qu’il y a 16 lits, c’est le milieu de l’hiver et sept de ces lits sont occupés par des bébés d’un à trois mois, tous affectés par un virus respiratoire syncytial. Ils présentent tous un affaissement du lobe supérieur droit et sont sous assistance respiratoire. Une autre variable les unit : ils viennent tous d’une communauté autochtone du Nord. Cela veut dire que 7 lits sur 16 sont occupés par cette tranche de la population, alors qu’elle est loin de représenter un tel pourcentage dans la population en général. Il y a donc une surreprésentation importante de bébés autochtones atteints d’infections respiratoires. C’est un élément d’apprentissage important : pourquoi ce patient ou cette patiente, ce problème, d’une telle sévérité, et pourquoi se produit-il maintenant? Il faut aller au-delà des explications physiologiques. 

L’un des objectifs du Programme de professeurs en résidence est de guider et de faire évoluer les programmes du Collège royal. Qu’espérez-vous accomplir pendant cette année à titre de professeur en résidence?

J’espère me pencher sur les aspects concrets de la discrimination et du racisme systémiques dans les soins de santé et des autres formes d’inégalités dans l’accès aux soins. Par exemple, au Canada, un bébé peut avoir à parcourir une distance équivalente à Londres-Moscou pour avoir accès à un ventilateur; notre pays est très dispersé géographiquement et cela amène son lot d’inégalités. J’aimerais ouvrir la conversation sur les systèmes de connaissances que nous enseignons. Comment abordons-nous, en enseignement, ces formes d’inégalités et le rôle que la profession y joue? Et comment enseignons-nous aux gens à reconnaître ces inégalités et à développer les habitudes mentales pour y réagir? On peut considérer que les inégalités ne se produisent qu’à un niveau général, mais elles se produisent aussi tous les jours dans les hôpitaux et les cliniques, là où les gens se font soigner et où ils sont formés; ce sont des occasions d’apprentissage et d’enseignement de la responsabilité des médecins spécialistes. Ces systèmes de connaissances relatifs aux inégalités devraient faire partie de la façon dont nous conceptualisons le travail du Collège royal par rapport à la formation, à l’examen des titres, à l’évaluation dans le cadre des examens, et ainsi de suite. C’est cette conversation que j’aimerais avoir.

Pouvez-vous nous faire part de quelques idées que vous aborderez lors de votre prochaine conférence? 

L’idée de base que je souhaite développer est que le fait de considérer que nous travaillons tous et toutes dans un système effectivement conçu pour discriminer, c’est une façon de conceptualiser notre travail, notre manière de former les gens et le genre de compétences requises pour exercer dans ce système, qui est profondément différente que si le système était neutre selon nous sur ces enjeux.

Cela veut dire que les gens doivent acquérir et développer des compétences pour reconnaître les inégalités structurelles et œuvrer pour le changement au sein du système de soins de santé, et qu’ils doivent se percevoir comme étant engagés et ayant un rôle important à jouer dans le système, et non en tant que sujets du système. 

Quelles implications cela a-t-il sur la formation des médecins spécialistes? Je crois que nous devons incorporer des concepts comme la pédagogie de l’amour [de Paolo Freire] pour humaniser l’apprentissage dans la formation des résidents et résidentes. 

Chaque année, le Collège royal favorise l’innovation et l’échange de connaissances en invitant, par l’entremise de son Programme de professeurs en résidence, un expert ou une experte de renom à se joindre à son équipe de direction pour examiner la formation en santé et les politiques de santé, et ce, dans le but d’améliorer ses programmes. La personne invitée présente également la conférence annuelle du professeur en résidence du Collège royal.